Garage Citröen : Logements étudiants, ateliers et commerces | Garage Citröen : Student housing, workshops and commerce
2019 | Paris, France | 8.760 sqm | Client : RIVP + CROUS | 17 M€ | Competition - Shortlisted | Team : Plan Común (Kim Courrèges, Felipe De Ferrari, Sacha Discors, Nissim Haguenauer) + Bast | Collaborator: Alessandro Nicolai | Consultants : EVP, Oxalis, Mobius, Vpeas | Image : Jeudi Wang
Transformation d’un ancien garage Citroën, 64 logements étudiants, 4000m2 d’ateliers et 1500 m2 de commerces
La clarté structurelle et la rationalité constructive de notre proposition pour la réhabilitation du Garage Citroën favorisent l’emploi de matériaux modestes et pérennes, utilisés selon un système sensé et ordonné. La rationalisation des éléments porteurs, de l’enveloppe thermique, des équipements techniques, et des agencements intérieurs favorise une maîtrise de l’économie globale au profit de la multiplicité des usages que propose le projet en tirant le plus grand parti du bâtiment existant.
Cette logique générale de conception, privilégiant la conservation des éléments existants, s’inscrit dans une démarche durable de réemploi du bâtiment existant, qui considère les conditions spatiales et matérielles existantes afin d’y répartir les différents programme. L’intervention, dans un souci d’économie de moyens, vise à minimiser les démolitions et constructions pour concentrer l’effort sur une intervention structurelle unitaire, permettant de répondre à un maximum d’enjeux techniques, fonctionnels, réglementaires et environnementaux.
Le résultat est un dispositif hybride, cohérent et hautement performant, qui tire parti des conditions existantes, des orientations et de l’espace disponible. Il s’agit d’une machine destinée à accueillir et faire coexister différents utilisateurs, artisans, visiteurs et étudiants. L’architecture prend ici la forme d’une infrastructure, à même de relever les défis environnementaux et la gestion des ressources du XXIème siècle.
1. Clarité structurelle et intervention frugale. La nécessité de surélever le bâtiment afin de créer la surface nécessaire au programme est l’occasion de définir une nouvelle trame structurelle : elle assurera simultanément le renforcement des planchers bas conservés, la descente des charges de la surélévation créée, et la transformation des deux niveaux de sous-sol en stationnements. Une intervention frugale et unitaire qui permet d’optimiser l’existant tout en l’agrandissant.
2. Superposition Programmatique. Chaque strate programmatique s’adresse à une échelle de la ville : les commerces à rez-de-chaussée activent l’espace public, les ateliers dans les premiers niveaux dialoguent avec les immeubles du boulevard, et les logements étudiants, dans la strate supérieure (surélévation), s’ouvrent sur les panoramas des grands paysages de la banlieue Sud et du Nord de la capitale. La superposition des programmes permet de créer un hybride triple et unitaire à la fois.
3. Révéler l’ossature existante et surélever en cohérence. La façade originale du Garage Citroën est transformée de manière sélective, sans affecter sa beauté ni son caractère d’origine : la structure existante, composée de poteaux et poutres périphériques, est conservée, les ouvertures sont agrandies par la démolition des allèges en parpaing, permettant d’optimiser l’éclairage naturel pour tous les nouveaux usages. L’ossature existante est révélée et mise en valeur pour sa beauté intrinsèque, sans ajout ni fioriture. La nouvelle structure respecte le caractère rationnel du bâtiment d’origine : la trame répétitive de 5,40m se prolonge des sous-sols jusqu’à la toiture, assurant une cohérence à l’ensemble réhabilité. Le système de planchers en dalles pleines porte sur des poutres perpendiculaires aux façades, permettant d’ouvrir intégralement les façades de la surélévation.
4. Habiter des façades bioclimatiques. Le projet emploie des stratégies et des dispositifs thermiques spécifiques aux orientations nord et sud, contribuant à la performance des différents programmes en termes d’énergie et de climat et offrant un espace pour la vie commune de ses habitants et utilisateurs. Dans les niveaux réhabilités, l’espace situé entre la façade sud et la nouvelle trame structurelle joue le rôle de régulateur thermique. Cette zone tampon, séparée de l’espace de travail par une cloisonaccordéon en double vitrage, améliore le confort thermique. Cet espace isolé permet en hiver de limiter la consommation énergétique à l’usage que fait l’utilisateur de son atelier : les artisans désireux de l’utiliser en période hivernale y installeront un système de chauffage, tandis que ceux dont l’activité nécessite un espace non chauffé pourront cantonner leur installation sur une partie de l’atelier sans affecter le confort thermique de l’ensemble. Le rayonnement solaire d’hiver chauffe naturellement cet espace intermédiaire et limite les déperditions thermiques de la façade. En été, la position ouverte entraînera une ventilation naturelle des ateliers, le volume étant traversant des coursives à la façade sud. En position fermée, l’espace de travail conservera la fraîcheur de la nuit. Dans les niveaux de surélévation, chaque logement étudiant bénéficie d’une terrasse de 3,50m² en prolongement direct de l’espace de vie. Ces espaces extérieurs facilement appropriables par l’étudiant offrent des vues imprenables sur les grands paysages de la banlieue parisienne. Ils permettent également d’assurer une protection solaire sur la façade sud grâce à l’effet de casquette, limitant les apports de chaleur en période estivale, tout en laissant pénétrer au maximum les rayons bas en hiver, afin de tempérer les espaces intérieurs et de limiter les besoins en chauffage. Un système additionnel de volet roulant en lamelles de bois permet de parfaire cette protection, et d’occulter la lumière du jour. Les balcons assurent également une protection anti-bruit vis-à-vis des nuisances sonores provenant de l’activité du boulevard Jourdan. Enfin, ils permettent de réduire les risques de propagation des incendies entre les niveaux, en assurant le C+D, et servent de support à la végétalisation dans toute la hauteur des façades. Ces espaces constituent des ressources fondamentales et précieuses, en tant que dispositifs bioclimatiques et support d’usages collectifs, conférant à l’ensemble un caractère urbain renouvelé, s’inscrivant dans une démarche postcarbone voulue par la Ville de Paris