Nouvelles Topographies : Récupérer le sol du Grand Paris Express | New topographies : Reclaiming the soil of Grand Paris Express
2020 | ENSA Paris la Villette | I Semester | Plan Común (Sacha Discors & Felipe De Ferrari) + Edouard Ropars | Estudiantes: Ali Ordjo Dowzinan, Mariana Cyrino Peralva Dias, Julia Desfour, Pauline Duplaix, Anabel Ginesta Placeres, Claire Gueydier, Alexandre Humbert, Umme-Hani Mebobalym, Leo Pauvarel, Grace Raobinarison, Lucia Rodriguez Hinojosa, Paul-Antoine Rouille, Baptiste Servais-Picord, Jeremy Thompson, Yunfan Yang | Client : Société du Grand Paris | Graphic design : République Studio | Go to book
FR - Projet mené dans le cadre des Chantiers Partagés, imaginés pour accompagner les travaux du nouveau métro. Une commande de la Société du Grand Paris, mise en œuvre par la direction artistique et culturelle du Grand Paris Express et portée par l’Ecole Nationale d’Architecture de Paris La Villette en étroite collaboration avec les Ateliers Médicis.
1. INTRODUCTION
Collines, rivières et forêts - naturelles ou artificielles - sont autant de marqueurs géographiques qui façonnent le tissu urbain de nos villes : ils constituent généralement les derniers espaces collectifs de la ville contemporaine, tel des vestiges naturels immuables. Ils sont à la fois des obstacles au développement urbain et des lieux appropriables par les habitants, propices à la flânerie et aux plaisirs collectifs.
En même temps, le développement des grandes villes s’accompagne de la mise en oeuvre d’infrastructures métropolitaines - voies rapides, tunnels, voies ferrées - impliquant de lourds investissements économiques et générant des mouvements de matière considérables. Ces terres excavées, déplacées ,stockées peuvent alors être perçues comme de nouvelles opportunités. Si les marqueurs géographiques constituent des obstacles dans la métropoles, les infrastructures permettent généralement de les surmonter, de remédier à la fragmentation en reliant les différents lieux, quartiers et villes. La construction de Grand Paris Express illustre parfaitement ce phénomène : le plus grand projet de réseau de transport public d’Europe se construit tout en proposant une gestion stratégique de ces terres de déblais, à travers plusieurs initiatives.
C’est une opération sans précédents, la réalisation des 200 km de lignes et de 68 nouvelles gares généreront 45 millions de tonnes de déblais. Des glaises, des sables, des marnes extraites parfois à plus de 50 m de profondeur par des tunneliers, creusant des galeries de 10 mètres de haut au rythmes de 1m par heure.
Alors pourrait-on imaginer une relation fructueuse entre les déchets générés par ce chantier au long cours et le quotidien des habitants ? Pourrait-on imagier une réutilisation de ses terres pour proposer de micros paysages autour des chantiers de gare ? Pourrait-on imaginer la création lieux collectifs, proposant des espaces simples à mettre en oeuvre et faciles appréhender par les habitants ?
« Nouvelles topographies » propose de valoriser des terres du chantier du Grands Paris Express pour créer des espaces d’appropriation collectifs partout où le nouveau métro apparaîtra : des collines de quartier, des belvédères fleuris, des tumulus du coin de la rue, etc. Ces nouvelles topographies tentent de faire réapparaître la géologie des sols, tout en proposant un nouvel imaginaire collectif.
2. MODÈLES
Si les topographies artificielles résultent de l’intervention humaine, l’origine de leur construction, leur forme, et leur échelle sont divers : réminiscences d’activités industrielles comme les terrils du Nord de la France, construits par accumulation de résidu minier ; lieux de commémoration comme la Butte du Lion à Waterloo ; oeuvres d’art comme la Spiral Hill de Robert Smithson ; résidus issus de l’activité humaine comme le Monte Testaccio à Rome, formé par l’accumulation de tessons d’amphores datant de l’Empire Romain ; projets paysagers comme les collines de Robin Hood Gardens, constituées des déblais du chantier de construction des logements, ou celles du parc de Northala Fields construites à partir des décombres du stade de Wembley à Londres, sont autant de modèles de réutilisation de la matière pour transformer le paysage.
3. L’EXEMPLE DE CLICHY-MONTFERMEIL
La future gare de Clichy-Montfermeil se trouve au coeur d’un réseau d’acteurs, d’habitants et d’usagers actuels ou potentiels divers : à cheval sur deux villes de Seine Saint-Denis, Clichy-sous-Bois et Montfermeil, elle offrira une connexion avec la ligne 4 du tramway, les Ateliers Médicis, le marché Anatole France, et la forêt de Bondy.
Elle est située à la limite exacte entre les deux communes, marquée par la promenade de la Dhuys, cordon écologique sous laquelle coule un aqueduc, construit entre 1863 et 1865 pour alimenter Paris en eau potable. Cette infrastructure a été aménagée en 2008 comme un parc linéaire qui relie la commune limitrophe du Raincy (à l’Ouest) à la Forêt de Bondy (à l’Est) et traversera le parvis de la future gare.
À l’échelle régionale, cette promenade de 10 a 20 m de large et de 27 km de long traverse une dizaine de communes, et relie de nombreux espaces verts (Forêt de Bernouille, Forêt régionale de Clay Souilly, Forêt régionale de Vallières) jusqu’à la base nautique de Jablines.
À l’échelle du quartier, cette allée verte joue un rôle stratégique, est le lien dans un rayon de 800m, d’une série d’équipements clés : le lycée Alfred Nobel, les Ateliers Médicis, le parvis de la future gare, la place du marché, et l’orée de la forêt de Bondy.